Etudiants, stages, entreprises et crise économique : les paradoxes

Depuis 2 à 3 mois, les entreprises sont très sollicitées, comme chaque année, par les étudiants, pour leurs stages. Jusque là rien d’anormal…
J’ai eu l’occasion d’en rencontrer, issus de différentes formations très variées – marketing, infographie, commercial, … avec des niveaux allant de BAC+2 à BAC +5. Leurs points communs : « nous n’arrivons pas à obtenir de stage en entreprise,

les entreprises ne répondent pas à nos demandes ». Effet crise économique d’après eux. Et ils n’ont pas tord.
Dans la partie infographie par exemple, sur une promo d’une trentaine d’étudiants dans une école spécialisée, l’IAV – Institut des Arts Visuels d’Orléans – les ¾ n’ont toujours pas trouvé de stages en infographie, communication, illustration, certaines agences de communication sur Orléans, répondant : « nous n’avons pas assez de travail ». Crise des agences de communication dans les environs d’Orléans ? Cela se pourrait bien, puisqu’elles ne souhaitent même plus prendre ne serait-ce qu’un stagiaire.
Et il vaut mieux ne pas prendre un stagiaire, si elles sentent qu’elles ne pourront pas confier de missions intéressantes.

Les paradoxes entre combats pour la (re)valorisation des stages et le combat des étudiants pour trouver des entreprises d’accueil correspondant à leurs attentes

D’un côté certains étudiants défendent – farouchement pour une petite poignée – depuis ces dernières années la valorisation des stages, et notamment en faisant voter des rémunérations obligatoires pour les étudiants stagiaires en entreprises – ce qui est bien sur normal, tout travail mérite salaire – . Dans le dernier magazine Challenge, consacré aux stages, on peut même lire quelques lignes sur la volonté d’augmenter encore plus l’indemnisation de stage en entreprise de nos étudiants… alors que tant d’étudiants se battent pour avoir ne serait-ce que des stages non rémunérés…  On comprend aisément leur combat – même si je n’ai pas eu le plaisir d’avoir ces rémunérations à l’époque où je faisais mes stages, et que je devais faire des jobs le soir/nuit (type Mac Do, Quick, gardiennage, et cie), pour financer les tracas quotidiens (loyer, bouffe, téléphone, …)
… mais il y a quelques paradoxes…
Sur le terrain, et loin de nos étudiants – combattants souvent issus de hautes écoles, les étudiants du terrain ont des préoccupations bien plus directes : les étudiants veulent tout simplement et prioritairement des stages en entreprise intéressant !

  • Stages évidemment sans photocopie café – à croire que les patrons / entreprises photocopie/café existeraient toujours ?
  • Stages avec de véritables missions, avec un minimum de responsabilité. Logique.
  • Stages leur permettant de faire leur mémoire ou projet correctement pour avoir une bonne note.
  • Stages leur permettant de monter en compétences

Ce qui m’a semblé être un paradoxe dans le magazine Challenge, c’est notamment le passage sur la responsabilité des étudiants stagiaires : D’un côté on dit aux entreprises qu’il faut donner des stages motivants, intéressants, avec des responsabilités… Mais d’un autre côté, les mêmes personnes disent qu’ils ne faut pas confondre stagiaire et salarié … Comment peut-on donner des responsabilités à quelqu’un qui n’aurait pas l’envie d’être intégré dans l’entreprise comme un salarié pourrait l’être ? Je pointe du doigt bien sûr l’idée savonneuse des fameux stages / emplois déguisés d’après certains.
Quand je reçois des étudiants souhaitant faire un stage en entreprise, mon discours est clair et très simple : vous voulez un stage intéressant, dans lequel vous allez vous éclater, apprendre plein de choses (ce qui implique directement du temps de formation en interne ) qui vous serviront plus tard, et notamment sur votre CV, qui manque cruellement d’expériences professionnelles intéressantes pour les entreprises, alors OK no problème. Une seule chose cependant : je ne fais pas de différence entre un stagiaire et un salarié. Chaque individu dans une entreprise doit bosser dans le même sens, avec le même enthousiasme, la même motivation, et la même rigueur et envie de réussir pour le développement de l’entreprise, chacun ayant bien sûr des objectifs personnels et motivations différents, des primes pour les salariés par exemple, et la possibilité d’être embauchés pour les stagiaires par exemple.

L’indemnisation des stages en entreprises.

Normale. Cependant il ne faut pas oublier le temps de formation en interne, qui peut avoir un coût non négligeable. Certains étudiants ont tendance à l’oublier. Et n’ont pas de notion de R.O.I . Pendant que certains salariés, et responsable de l’entreprise vont former les étudiants stagiaires… ils n’oeuvreront pas pour l’entreprise directement… Donc il faut bien être sur un système gagnant gagnant . Un étudiant cherchant un stage en entreprise doit prendre en compte, à mon avis, cet aspect de ROI. Et se « vendre » un minimum sans négliger cet aspect. Même si le ROI n’est pas énorme, aucune entreprise, et surtout dans les TPE / PME prendrait un étudiant stagiaire si il n’y a pas un minium de retour sur investissement. Ce n’est pas une question d’exploitation des étudiants, c’est tout simplement la réalité de l’entreprise, et du business.

Soyons clair et objectif. La priorité de l’étudiant stagiaire n’est pas l’indemnisation !

Même si mes propos pourraient chagriner quelques étudiants combattant ardemment ce volet.
Les priorités des étudiants stagiaires sont bien :

  • la formation en entreprise,
  • la découverte de l’entreprise,
  • la prise de responsabilité,
  • la montée en compétence,
  • la mise en application de ce qu’ils ont appris sur les bancs de l’école.

L’employabilité de l’étudiant-stagiaire est directement liée à la qualité des différentes expériences de stages réalisées au cours de sa formation.

La grande majorité des personnes que j’ai embauché ces 4 dernières années (une dizaine environ je crois sur une trentaine de stagiaires), a un point commun : elles ont toutes fait un stage au sein de mon entreprise, avant l’embauche. Preuve que les stages ça marche très bien. Mais tous ces étudiants (ils se reconnaîtront :)) avaient d’autres points commun : l’envie de faire du concret, l’envie de venir au bureau tous les matins avec le sourire, l’envie de participer au jour le jour au combat que mène une PME, à l’aventure trépidante et tumultueuse d’une PME, qui sans cesse doit bouger ses positions, soit pour survivre, soit pour accroître ses parts de marché…
Et il n’y a pas de différence entre salariés et stagiaires : il y a des individus qui sont dans le même bateau, et qui oeuvrent dans la même direction, en s’éclatant, et avec un seul mot d’ordre : REUSSIR !

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