Ce moment passé à Estacom et en compagnie de plusieurs membres de la Cci du Cher et de quelques professionnels de Bourges, m’a permis de confronter ma vision et de les interroger sur quelques problématiques que j’ai déjà évoqué dans mon blog. Notre vision est assez proche …
Je fais un constat malheureusement peu positif de notre système d’enseignement (hors enseignement en alternance). Les étudiants, à part quelques cas exceptionnels, sont en général bien loin de la réalité du monde de l’entreprise.
Est-ce leurs fautes ? Est-ce un problème d’enseignement ? Est-ce dû à quelques entreprises qui prennent des stagiaires, en leurs confiant des missions trop théoriques…et qu’ils ne pourront pas utiliser à la sortie de leurs études pour chercher un emploi ?
Le constat est bel et bien là. Il y a un écart encore trop important entre les étudiants et le monde de l’entreprise. Mal préparée, une partie non négligeable se retrouve au chômage dès…
leur diplôme en poche. Comment expliquer que des Bac+5 en Marketing sur Orléans… soient au chômage pendant plus de 6 mois après leurs diplômes ???
Certaines entreprises ne jouent pas le jeu aussi. Je m’explique. En confiant des missions trop théoriques, trop éloignées du côté opérationnel et du quotidien de l’entreprise, elles ne permettent pas aux étudiants de comprendre et de s’impliquer dans leurs futurs jobs. Par exemple, une grande enseigne de restauration rapide ( que je ne peux pas citer) a confié à une jeune étudiante une mission : comment accroître la fidélisation de la clientèle.
A priori cette mission pourrait être intéressante. Cependant, dans les faits, cette mission est fausse, et cache en fait l’utilisation d’un stagiaire pour être à la caisse !!! L’analyse, les préconisations, les actions à faire, et le calendrier, …. La direction l’a déjà très probablement jeté au fond d’une armoire… aux oubliettes ! Ce type de pratique… cause du tord aux étudiants, qui a la sortie n’auront pas augmenté leur capital expèrience. Il faut que les entreprises jouent le jeu. Proposer un stage intéressant pour l’étudiant, et rentable pour l’entreprise. Trop d’étudiants oublient cette notion. 50/50. 50% d’opérationnel 50% de théorie. C’est à mon avis, la formule minimum pour qu’un stage puisse être un tremplin pour l’emploi. (je pencherai plus pour un 75% / 25%, sachant que la théorie l’étudiant l’ a apprise pendant … plus de 5 ans !)
De l’autre côté, par rapport aux enseignants, il devient impératif de faire correspondre les besoins des entreprises et les enseignements… Sinon on enseigne à des …futurs chômeurs ! C’est du grand n’importe quoi !
Pour ma partie, c’est-à-dire plus marketing, comment expliquer qu’un Bac+5 ne sache même pas faire une campagne e-mailing, fax-mailing, n’ait jamais utilisé un CRM ( logiciel de gestion relation client), ne connaisse pas un minimum la chaîne graphique afin de piloter les projets d’impression de tous les supports de communication, ne connaisse même pas les nouveaux outils web, et plus basiquement ne sache même pas passer un coup de téléphone pour faire par exemple une recherche puis une comparaison d’offres de fournisseurs dans un domaine lambda ???
9 Commentaires
johann lauthier
29 septembre 2007 - 18 h 05 minFabien,
Je suis à 100% d’accord avec toi sur ce constat. Il manque un réel échange entre les entreprises et les systèmes de formation, ce qui aboutit à une offre inadaptée, et donc à des difficultés à l’embauche.
C’est pour cette raison que, par exemple, je garde un lien étroit avec mon ancienne école d’ingé, afin de faire remonter régulièrement les attentes du marché de l’emploi sur les secteurs dans lesquels ma société évolue.
Je suis également d’accord avec toi sur la répartition « théorie – pratique » dans les stages, et je serais même plus dur que toi en fixant un minimum de 75% d’opérationnel….
BCT
1 octobre 2007 - 8 h 37 minIl manque un étage à la fusée.
Pour ne pas charger l’enseignement et l’entreprise de toute ces « adaptations » citées dans ce commentaire, il existe des entreprises et des services publics. Ce sont les entreprises de conseils et formations (appelées pompeusement « coaching ») et les services de l’ANPE. Il ne faut pas donner plus à faire aux enseignements et aux entreprises. Certes il faut une cohérence d’ensemble mais il faut les décharger de ces t^ches d’adaptation et faire travailler tout ce petit monde ensemble. Les services publics (ANPE) et ces entreprise de conseils et formations travaillent déjà ensemble. C’est l’ouverture vers ce qui n’a pas été assez expliquer, « l’accompagnement ». Cela va à la connaissance précise de l’entreprise ciblée au comportement(jusqu’à l’attitude et les habitudes vestimentaires). Ces entreprises et services sont efficaces. C’est l’avenir de les faire bosser avec l’enseignement et le monde de l’entreprise. Cela frémit il faut mettre le paquet maintenant.
Gilles.G
2 octobre 2007 - 13 h 22 minUn petit coucou d’un récent ancien stagiaire;) J’ai eu mon diplôme de responsable de projet marketing et en ce qui me concerne mon pourcentage(stage/école)il tend vers un 80-20. En effet mon école, même si elle s’axe sur le marketing et la com’ il n’en demeure pas moins que les nouvelles technologies de fidélisation ne sont à mon goût que trop peu abordées. Or l’ensemble des cours dispensés à l’ESTACOM se font par des intervenants professionnels d’où une interaction avec une réalité professionnelle bien concrète mais là encore thèorique.Par ailleur on sait qu’aujoudh’hui près de 100% des entreprises sont connectées sur la toile il me semble indispensable d’être familiarisé avec les tendances émergentes. Autre constat, aujoud’hui bon nombre d’étudiant sont contraints pour raisons financières de trouver un job d’appoint alors peut-on qualifier cette première expèrience comme enrichissante? that’s the question…
Miguel (Côté Boulevard)
3 octobre 2007 - 20 h 33 minLa question est éternelle, Fabien : l’école doit-elle apporter du savoir ou de la compétence ?
Beaucoup d’enseignants estiment que leur travail consiste à apporter du savoir, l’entreprise devant prendre à sa charge la compétence.
Tant qu’on n’aura pas tranché ce problème, on aura du mal à bouger car chacun accusera l’autre de ne pas faire son travail.
Je pense malgré tout que de plus en plus de « professionnels » du monde de l’entreprise enseignent à l’université. Je pense que le niveau de leur enseignement est moins bon que celui des profs car alors, sans doute, seraient-ils profs 🙂 Je pense quand-même qu’ils apportent un autre regard, plus proche du terrain. Enseignants et professionnels sont alors complémentaires.
N’oublions pas quand-même la responsabilité des entreprises qui au lieu de parier sur des Hommes se servent dans un viver de compétences disponibles. Si le chômage continue à baisser, je pense que les entreprises seront à leur tour amenées à évoluer et à recruter sur d’autres critères : ce que tu cherches pour ta boite, c’est un spécialiste de photoshop ou quelqu’un capable de donner un coup de rein quand il faut, capable de travailler en équipe dans un esprit positif, capable de passer des coups de fil aux fournisseurs ou de répondre aux clients si nécessaire ?
Fabien Pretre
4 octobre 2007 - 0 h 43 minTu as raison aussi… c est clair . La question n’est pas évidente effectivement. Me concernant ce que je souhaite par exemple c’est que les etudiants qui sont en master marketing ( BAC+4 et BAC+5), quand ils arrivent en entreprise sachent ce que c’est un CRM ( logiciel de gestion relation client), comment on fait une campagne emailing, comment on gere un évènement (ex blogorleans! ou une journée porte ouverte dans une pme), qu ils aient déjà un minimum de culture web cf marketing…. le b.a.ba avant de commmencer ! Ce qui n’est malheureusement pas du tout le cas à ce jour… Et pourtant ça me parait essentiel… Savoir faire une synthèse sur une etude de cas L’Oreal… n’est pas forcement interessant à l’échelle d’une pme … Et l’enjeu, c’est que les pme sont un gisement d’emploi important…
coulot
15 octobre 2007 - 14 h 37 minBonjour,
Je suis en partis d’accord avec ce que vous avez dit.
Cependant, l’université reste et doit rester un facteur de développement de la culture et de l’émancipation des étudiants. L’étudiant en ayant un bagage générale doit aussi avoir la faculté de pouvoir s’adapter.
Pour ce qui est des compétences que vous indiquez après un Master marqueting, je vous incite à vous tourner vers les étudiants qui ont eu dans leur cursus un pied et de réelles fonction dans une association.
J’ai un Master mais en compétence complémentaire en informatique. J’ai participé à des associations local (étudiants en sciences de Tours) régionale (étudiants de tours) et nationale (www.afneus.org , étudiants en sciences de france).
Mes postes ont été diverse et ne coresponde pas à l’enseignement que j’ai eu au cours de mon cursus. Cependant grâce à ces associations j’ai pu être chargé de la communication, de la relation avec les média, de la prise de parole en public autour d’un débat avec un député, de nombreuse prise de parole dans des colloques sur l’avenir de la recherche ou de l’enseignement scientifique et enfin de la création de projet et mise en place d’évènement.
Tout ce petit CV pour vous dire que les associations permettent d’avoir d’autre compétence que le cursus ne peu pas donner.
Fabien Pretre
15 octobre 2007 - 22 h 30 minChristian,
Je suis tout à fait d’accord avec vous : un étudiant ayant activement participé à une ou des associations aura acquis une expérience très riche, autant techniquement, que d’un point de vue humain.
Cependant, je ne pense pas que la majorité des étudiants aient le réflexe d’entrer dans des associations… Malheureusement d’ailleurs….
C’est un problème de « mindset » …
Pour preuve : j’ai été intervenant en master2 il y a quelques années à l’université d’Orléans. Lors d’une des premières séances, j’ai clairement dit : je ne vais pas faire « un cours », dans le sens « une dictée », mais NOUS allons faire un cours, en commençant par un grand brainstorming sur le sujet… Surprise, étonnement, gloussement, … D’autre part, on me pose la question : « Et le cours, vous nous le donnerez sous format papier ? »…. Je réponds : « Votre job nécessite d’être en veille constante sur le web… si vous aviez regardé juste 2 secondes Google, vous vous seriez aperçu que vous aviez à votre disposition le cours d’une des plus grandes écoles de France, au format Pdf, d’une centaine de pages, brillamment rédigé,….. c’est pourquoi, je ne vais pas donner un cours… en me contentant de lire… Mais je souhaite que NOUS réfléchissions ensemble sur le sujet, et que nous débattions, afin de trouver les bonnes pistes, jusqu’au bonnes solutions et bonnes pratiques, …. » Etonnement, gloussements…
Cet exemple montre bien la grosse différence entre par exemple l’état d’esprit d’universitaires orléanais, et par exemple des étudiants de même niveau mais Essec, ou Insead….
C’est plus une question de volonté, d’implication, une envie d’apprendre, de performer, de travailler, de se surpasser….
C’est un comble quand même que des profs ou des intervenants soient obligés encore de …. Dicter !!!!!!!!!!!!! en BAC+5 !!!!!! Inadmissible. Bac+5 doit être un niveau d’étude dans lequel l’étudiant doit commencer à se préparer très activement à sa vie professionnelle, et qu’il doit faire preuve d’autonomie, de responsabilité, de curiosité, d’ingéniosité, d’esprit critique et d’analyse.
L’université nous apprend à réfléchir… mais l’étudiant se doit de se former par d’autres voies ( les livres, internet, les conférences, …) et ne pas attendre que son expérience « tombe du ciel ».
Mathieu Foucher
16 octobre 2007 - 1 h 59 minGlobalement d’accord avec toi Fabien, nombre d’étudiants critiquent assez vite les intervants sans se rendre compte de la chance qu’ils ont! « Pas de plan de cours, cours pas assez carré », bref, tout ce que tu résumes bien. Raison majeure selon moi, une grande partie des étudiants de l’université continue son cursus « par défaut », sans s’être vraiment demandé à quoi le diplôme menait, les qualités exigées par le poste envisagé etc… C’est probablement pourquoi on arrive, en BAC+5 à des étudiants « consomateurs » de cours tout faits tout prêts à être appris…
C’est en ce sens, à mon avis que l’université, qui reste, nous sommes d’accord un endroit de formation Généraliste, doit progresser pour permettre une plus grande profesionalisation des élèves, afin que l’insertion dans la vie active soit plus rapide et plus pertinente…
un passant
25 novembre 2008 - 18 h 09 minBonjour,
J’ai un point de vue différent du votre dans cet article.
Vous pourrez toujours faire ce que vous voulez, quand il n’y a pas d’emploi, cela ne change rien. Surtout quand ce fait est très finement orchestré.
Le principal problème à mon sens c’est que les entreprises, et ce quelque soit leur taille mentent. Elles mentent à leurs clients, à leurs fournisseurs, à leurs salariés, à leurs propriétaires, bref ce sont des organisations dont on a totalement perdu le contrôle.
Il faut comprendre que le marché de l’emploi fonctionne comme n’importe quel marché. C’est à dire que rien n’est très « propre ».
Le marché de l’emploi a besoin de chômeurs, qui plus est de chômeurs « élites ». Cela permet d’accroître la pression, cela renforce le pouvoir des sociétés.
Beaucoup de gens cherchent à se voiler la face. Je sais que beaucoup ne seront pas d’accord avec mes propos. Mais c’est toujours pareil, demander aux sourds d’entendre, c’est parfois trop demander.