Entre artisanat et bâtiment, le paradoxe des emplois des jeunes

En fin de journée, j’ai rencontré Jean-Michel LOUALOUP diplomé de l’école Boulle, fondateur et dirigeant de la société ADCI installée à St Pryvé St Mesmin depuis 1998.

En deux mots ADCI propose son savoir-faire dans l’agencement, la décoration le conseil et l’installation clé en main de cuisine, salle de bain, pièce à vivre, …

Au cours de notre entretien, nous nous sommes mis à parler de nos entreprises respectives, et nous avons confronté nos expériences notamment sur le point de vue des salariés.  Et là  j’ai été assez surpris : Jean-Michel m’a expliqué le paradoxe qu’il a vécu, et qu’il continue malheureusement à vivre… Son activité est en pleine croissance, les carnets de commande sont pleins pour plus de 6 mois à l’avance, sa renommée n’est plus à faire, le bouche à oreille ayant depuis de nombreuses années fait le travail pour lui, et son image est celle d’une entreprise artisanale sérieuse et réputée. Pour faire face à cette croissance, il a bien entendu su investir, dans du matériel, de nouveaux camions, de l’informatique, de la communication… mais l’investissement numéro un, reste un problème majeur : l’homme !

Je vous entends déjà me dire : ce n’est pas un scoop, tout le monde sait qu’il y a pénurie dans le domaine du bâtiment ! Oui et re oui. Mais  l’histoire de Jean-Michel ajoute une petite pierre à ça. Il me racontait que plusieurs fois il avait embauché pour des étés de jeunes étudiants (en informatique, en biologie…), qui avaient comme qualités premières d’être motivés, travailleurs, et ils avaient une faculté d’apprentissage très rapides. Ils ont très très vite été à la hauteur des besoins de l’entreprise. Il était enchanté de leur travail… mais très déçu de ne pouvoir les garder… car ils voulaient les embaucher. D’un autre côté, notre dirigeant Jean-Michel a plusieurs fois essayé d’embaucher des salariés étant diplômé de son corps de métier, et là : l’hécatombe ! Peu de motivation, peu de

curiosité, très à cheval sur les horaires, … enfin bref, des jeunes qui ne correspondaient pas du tout ni à l’entreprise, ni même au besoins de leurs corps de métier. A quoi est dû cet été d’esprit très négatif ? Eudcation ? Formation ? C’est tout de même très paradoxal !

Aussi Jean-Michel me faisait part aussi de sa réflexion sur l’apprentissage : d’après lui, il faudra entre 5 et 10 ans avant que les mentalités ne changent, et qu’enfin les jeunes reviennent vers les métiers plus manuels. On les a trop longtemps cassé… et nous en récoltons les fruits… Peu de jeunes formés, pas de motivations car le travail manuel n’a pas été assez valorisé dans les mentalités.

Combien de petite pme comme celle-ci pourrait embaucher entre 1 à 3 personnes par an en France ? Beaucoup je pense ! Imaginez le nombre de chômeur en moins… Mais pendant de nombreuses années on a dirigé les jeunes vers des filiaires universitaires, comme Staps, histoire, … Enorme erreur ! Il faut absolument remettre une cohérence entre les besoins des entreprises, et surtout du plus grand nombre c’est-à-dire les TPE et PME,  et les formations. Il faudrait que les profs, les éducateurs s’invitent plus dans le monde des TPE PME afin de faire coller au mieux les programmes scolaires et les réalités du terrain. La baisse du chômage passe notamment par cette piste là…

J’espère que ce constat va assez vite bouger, car j’ai écouté avec attention et plaisir, un dirigeant passionné par son métier, et il serait vraiment dommage qu’il ne puisse pas transmettre au plus grand nombre de jeune cette passion et cette énergie. Des histoires, des cas comme lui, il y en a tellement…

1 Commentaire

  1. Mathieu FOUCHER

    31 juillet 2007 - 11 h 21 min
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    Il est vrai que cette question est fréquemment soulevée. Les mentalités vont mettre du temps à évoluer car malgré la très récente prise de conscience de l’intêret d’orienter les jeunes vers les métiers manuels, le slogan du « les métiers manuels c’est bien mais mon fils peut faire mieux » reste malheureusement dominant!
    Je pense qu’on voit également les limites d’un système où beaucoup d’entreprises ont, pendant longtemps, rechignées à partager la valeur du travail.
    Aujourd’hui, certains secteurs semblent redevenir attractifs auprès des jeunes (je pense à la plomberie, au transport) car face à la pénurie, certaines sociétés commençent à mieux payer leurs salariés, ces derniers n’hésitant plus à faire jouer la concurrence!
    Il va donc falloir du temps pour remettre le système en marche pour combler des exemples comme celui que tu mentionne.
    Enfin, concernant le comportement de nombreux jeunes, celà pourrait être compensé par une idée toute bête mais qui est déjà en vigueur dans certains pays étrangers: des enseignements, dans les classes généralistes (collège, lycée) de notions de culture d’entreprise et de gestion.
    En effet, trop de jeunes n’ont aucune notion des enjeux financiers d’une société, de ses taux de marges, de ses charges fixes, de seuils de rentabilité, et même du coût de leur salaire charges comprises.
    Ce sont des notions pas très difficiles et qui pourraient inculquer à tous les jeunes une idée de ce qu’est une entreprise, des difficultés auxquelles elle fait face. Ce chantier parait important mais je pense vraiment qu’il permettrait de sensibiliser tous les jeunes à la culture d’entreprise, plutôt que de ne penser qu’à son « salaire en sortie d’école » et « salaire après 3 ans » trop souvent rabachés par les magazines dits spécialisés

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